Ceux qui se rendent en Israël pendant la fête de Souccot ne manqueront pas de remarquer que plusieurs maisons et terraces sont décorées de drôles de cabanes avec des feuilles d'arbres, fruits, couleurs, et autres. Vous en trouvez même érigées dans les parcs nationaux, comme ci-dessous à Césarée. Alors voici un petit guide pour parler de cette fête joyeuse en Israël et ailleurs.
Souccot est une des trois fêtes religieuses instituées dans la Torah (la Bible hébraïque) et elle est commandée par Dieu :
Vous demeurerez dans des tentes (= souccot en hébreu) durant sept jours ; tout indigène en Israël demeurera sous la tente ; afin que vos générations sachent que j'ai donné des tentes pour demeure aux enfants d'Israël, quand je les ai fait sortir du pays d'Egypte, moi, l'Éternel, votre Dieu !" (Lévitique 23:42-43)
Le nom Souccot (סוכות en hébreu) vient du mot pluriel de Soucca (סוכה) qui était le nom des tentes (ou cabanes) dans lesquelles les Hébreux ont vécu pendant les 40 ans dans le désert. La fête religieuse a aussi d'autres noms : Fête des Tabernacles (référence aux tentes, mais aussi au lieu saint du Tabernacle qui était la tente d'assignation), Fête des Récoltes (car elle tombe au moment de la fin des récoltes de blé marquant la fin de l’été), Fête des Eaux (car on entre dans la période des pluies, en Terre d’Israël, et on prie pour que Dieu nous envoie ces pluies nécessaires à la survie). C’est une fête qui est entièrement dédiée aux Mitzvot (sanctifications), sans interdit particulier donc très en contraste avec la fête de Pessah et ses interdits bien connus (interdiction de manger du pain, levain, etc.)
La fête commence le 15 Tishri (un jour de pleine Lune) et dure 7 jours en Terre d’Israël (8 jours en Diaspora). En 2021, toutes les fêtes de Tishri (Rosh Hashana, Kippour, Souccot) sont tombées dans un même mois grégorien, septembre 2021, ce qui n’est pas fréquent car d’habitude ces fêtes sont échelonnées entre septembre et octobre. Les autres dates relatives à Souccot sont : Hoshana Raba (le 7ème jour de Souccot) et Shemini Atzeret (le 8ème jour compté depuis le 1er jour de Souccot). Vient ensuite Simha Torah, date à partir de laquelle on recommence la lecture hebdomadaire de la Torah depuis Le Commencement (Béréshit, La Genèse).
Lors de Souccot, on lit le livre de Kohélet (Ecclésiaste en français) qui s’ouvre avec la fameuse maxime : vanité des vanités ; tout est vanité ! Pour ceux qui le souhaitent, cliquez sur ce lien pour le texte en ligne en français et en hébreu. Ce texte, ‘sombre’ en apparence, semble en totale contradiction avec la ‘joie’ supposée prépondérante pour la fête de Souccot. Mais il n’en est rien : Kohélet est exactement ce que Souccot signifie, à savoir le ‘potentiel’ que l’on peut donner à la vie qui autrement serait toute ‘matérielle’ et donc ‘vaine’ (vanité). Car pendant toute l’année on réside normalement dans une maison construite dans le dur (pour ‘durer’, mais c'est une façon illusoire et vaine) et sous un toit (qui nous ‘sépare’ symboliquement du haut, donc du divin) alors que, pendant Souccot, on réside dans une tente (construction fragile donc temporaire par nature) qui n’a pas de toit (qui doit être ouverte vers le divin). L’homme, qui en hébreu s’appelle Adam (nom tiré de Adama, la terre, donc le matériel) n’est rien (car il est destiné à retourner à la terre d'où il a été tiré) et donc il n'est que vanité temporaire de prime abord, mais il a tout pour réaliser son très grand potentiel car, contrairement aux plantes et aux animaux qui eux aussi viennent de la terre et y retournent à leur mort, seul l'homme a été créé à l’image de Dieu. Donc en ce sens, Kohélet est un texte d’espoir et non de désespérance. Il cadre totalement avec la signification de Souccot.
Souccot est aussi la fête où on utilise 4 espèces de plantes dans nos prières : le cédrat (Etrog, un fruit très odorant), le palmier (Loulav), la myrte (Hadas), et le saule (Arava).
Le cédrat est tenu à part alors que les 3 plantes sont attachées ensemble, avec leur quantité respective : 1 palmier + 2 saules + 3 myrtes = 6 jours de la Création. Mais 3 espèces x 6 unités = 18 qui est la valeur numérique de Vie en hébreu (חי = 10+8). Ainsi, alors que les 3 espèces de plantes représentent la Vie créée, le cédrat est le fruit qui représente le ‘parfum’ de la vie, une chose immatérielle symbolisant le spirituel, comme le Chabbat qui est 'spirituel' par rapport aux 6 jours de la Création 'matérielle' du monde.
Côté guématria, le mot Soucca (סוכה) a pour valeur numérique 91 (=60+6+20+5) qui est égal à 65 + 26. Le nombre 65 est la valeur numérique du nom divin Adonaï (1+4+50+10), qui est associé à l'attribut de justice (jugement), et 26 est la valeur numérique du tétragramme (les 4 lettres de nom intemporel de Dieu) qui est associé à l'attribut de miséricorde (pardon). Donc la fête de Souccot correspond bien à la ‘conclusion’ des 2 autres fêtes de ce mois hébraïque de Tishri : Rosh Hashana (jugement) et Kippour (pardon). D’ailleurs la valeur numérique 91 de Soucca est aussi équivalente à la valeur numérique du mot Amen (אמן) qui est la ‘conclusion’ de toute prière.
Albert Benhamou
Guide touristique francophone en Israël
Septembre 2021, Tishri 5782
Mise à jour Septembre 2023, Tishri 5784
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