Dani Karavan
- Albert Benhamou
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On connaissait l'humour juif, la musique juive, la cuisine juive (et même la mère juive), etc. mais, depuis 1948, on a assisté à la naissance des mêmes tendances "à l'israélienne". Et ceci inclut l'art israélien et ses artistes. Certains, comme Dani Karavan, ont même obtenu une renommée mondiale. Voici son histoire et ses oeuvres.
Dani Karavan est né en décembre 1930 à Tel Aviv. Son père, Abraham Karavan, a en effet été pendant 20 ans l'architecte paysagiste en chef de la ville de Tel Aviv et on lui doit notamment les jardins qui entourent la "Bima" c'est-à-dire le centre culturel de la ville. Son fils, Dani, a commencé à étudier l'art à l'âge de 13 ans et, à 19 ans, a intégré l'école des arts par excellence en Israël: Bezalel à Jérusalem, fondée par Boris Schatz dès 1906 (donc pendant l'époque ottomane). Dani a ensuite poursuivit ses études d'art à Florence puis à Paris à l'Académie de la Grande Chaumière qui a vu passer pas mal de célébrités sur ses bancs.
Un de ses premiers ouvrages a été le mur arrière de la tribune dans la salle de la Knesset avec une sculpture de 7 mètres de haut sur 24 mètres de large. Cette sculpture de 1966 a un nom : Priez pour la paix de Jérusalem. Dani se spécialise dans la sculpture officielle ou commémoratrice.
Il a aussi réalisé à la même époque un autre mur intérieur, lui aussi de grande taille, à l'Institut Weizmann de Rehovot intitulé De l'arbre de la connaissance à l'arbre de vie.
Et, surtout, il réalise le monument commémoratif à la Brigade du Néguev et, avec lui, se présente comme un précurseur du mouvement "Land Art": il s'agit d'un mouvement artistique moderne, né aux USA dans les années 1960, qui vise à placer la nature et les matériaux naturels au cœur de la création artistique. C'est un monument exceptionnel, situé sur une colline à l'est de la ville de Beer-Sheva. Il a été réalisé au milieu des années 1960, lorsqu'Israël a commencé à ériger des mémoriaux en hommage à ceux qui ont combattu et péri lors de ses guerres. Celui de la Brigade du Néguev relate les actions de la brigade du Palmach dans cette région. Il est constitué de 18 éléments distincts de béton brut (car c'était aussi la période du Brutalisme) sur une superficie de 10.000 mètres carrés. Ces éléments symbolisent les combats du Palmach dans le Néguev. Par exemple, une tour perforée évoque un guet bombardé, un tunnel évoque le canal d'irrigation vital du Néguev défendu par les soldats, l'insigne du Palmach avec ses deux épis et son glaive, et, évidemment, gravés dans le béton, les noms des 324 soldats morts au combat. Le monument expose aussi des extraits de journaux intimes de soldats, le registre des batailles, des versets bibliques (dont 2 Rois 2:12: Mon père, mon père! Char et cavalerie d'Israël!) et des chants.
Je recommande de visiter ce lieu en début de soirée pour profiter du coucher de soleil sur Beer-Shéva : c'est le moment romantique.
Sur le même style, près de Tel-Aviv, il réalise Kikar Levana (le coeur blanc) au parc Wolfson:
Dani Karavan réalise aussi des sculptures monumentales à l'étranger, notamment, en 1980, à Cergy-Pontoise (France) avec l'Axe Majeur:
En Allemagne, à Nuremberg, la Rue des Droits de l'Humanité:
Au Japon, à Sapporo, le Chemin du Jardin Secret:
En Italie, à Calenzano près de Florence, le Temps:
En 1977, Karavan a reçu le prix Israël de Sculpture. Et, en 1998, il a été l'un des cinq lauréats du prix artistique japonais annuel Praemium Imperiale.
Dani Karavan est décédé à Tel-Aviv en 2021 à l'âge de 90 ans.
Voici ainsi des opportunités pour vous de découvrir l'art contemporain israélien au fil de vos visites. Nous reviendrons sur ce sujet de l'art dans d'autres posts futurs.
Albert Benhamou
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