La Bible dit vrai : retour à Sion
- Albert Benhamou
- Sep 17
- 4 min read
Après la prise de Babylone, le roi perse Cyrus fit une proclamation qui rendait la liberté religieuse à tous les peuple qui avaient été assujettis dans l'empire babylonien. Cette proclamation de liberté religieuse, la première au monde selon l'ONU, est confirmée par le récit biblique et par une preuve archéologique.
Regardons la continuation des chronologies historique et biblique (pour les dates antérieures, se rapporter aux articles précédents depuis Adam) :
an 3163 (-597) : début de l'exil à Babylone
an 3173 (-587) : chute de Jérusalem et destruction du Temple de Salomon
an 3221 (-539) : chute de Babylone et mort de Belshazzar
an 3221 (-539) : proclamation de Cyrus le Grand
an 3223 (-537) : retour à Sion d'une première vague de Judéens
Le texte biblique parle ainsi de cette proclamation :
Dans la première année de Cyrus, roi de Perse, à l'époque où devait s'accomplir la parole de l'Eternel annoncée par Jérémie, l'Eternel éveilla le bon vouloir de Cyrus, roi de Perse; et celui-ci fit proclamer dans tout son empire, par la voix [des hérauts] et aussi par des missives écrites, ce qui suit: "Ainsi parle Cyrus, roi de Perse: L'Eternel, Dieu du ciel, m'a mis entre les mains tous les royaumes de la terre, et c'est lui qui m'a donné mission de lui bâtir un temple à Jérusalem, qui est en Judée. S'il est parmi vous quelqu'un qui appartienne à son peuple, que son Dieu soit avec lui, pour qu'il monte à Jérusalem, qui est en Judée, et bâtisse le temple de l'Eternel, Dieu d'Israël, de ce Dieu qui réside à Jérusalem ! Tous ceux qui restent [de ce peuple], quelle que soit leur résidence, leurs compatriotes devront les gratifier d'argent, d'or, d'objets de valeur et de bêtes de somme, en même temps que d'offrandes volontaires destinées au temple de Dieu à Jérusalem." (Ezra, 1:1-4)
Il y a bien eu une proclamation qui a été inscrite sur un cylindre d'argile découvert dans les ruines de Babylone en 1878. Cet artifact archéologique se trouve aujourd'hui au British Museum. Le texte est un éloge de Cyrus pour sa conquête de l'empire chaldéen et de la grande cité de Babylone. Mais, plus important encore, le cylindre détaille également comment le conquérant a rétabli la paix et la justice dans l'empire et a aboli le travail forcé. Il vante aussi Cyrus comme un bienfaiteur des citoyens de Babylone qui ont amélioré leur vie, rapatrié les peuples déplacés (en exil) et restauré les temples et sanctuaires de cultes à travers la Mésopotamie et ailleurs dans l'empire. En d'autres termes, Cyrus est davantage présenté comme un libérateur de peuples que comme un conquérant de royaumes. Le cylindre est également considéré comme la première déclaration des droits de l'homme, quelque 2000 ans avant la Révolution française. En 1971, son texte a été traduit dans toutes les langues officielles des Nations Unies où une réplique est exposée.

À la suite de cette proclamation, il y certainement eu des décrets spécifiques aux peuples déplacés qui ont été libérés, dont le peuple de Judée qui était en exil dans l'empire babylonien depuis 70 ans. C'est ce à quoi le livre d'Ezra (quelquefois appelé Esdras en français) faisait référence. Et de fait, 2-3 ans après cette proclamation, une partie du peuple judéen est retourné en Judée pour s'y installer et reconstruire le temple de Jérusalem.
Y a-t-il eu des preuves historiques de ce "Retour à Sion" ? Oui et voici comment. Le pouvoir central perse a établi des "satrapies", c'est-à-dire des régions gérées chacune par un "satrape" (en général un prince ou aristocrate proche du pouvoir), pour diviser son nouvel empire. À son apogée, ce vaste empire était divisé en 12 satrapies dont la liste a été détaillée par Hérodote dans ses Histoires (Livre 3, Chapitres 90-94). Chaque satrapie était fragmentée en provinces ou "nations". Par exemple, l'Égypte tout entière était la 6ème satrapie, divisée en seulement deux provinces. La 5ème satrapie était appelée "au-delà du fleuve" (Euphrate) et comprenait tout le Levant. Et donc cette satrapie du Levant était beaucoup plus fragmentée en de nombreuses nations. L'une d'elles était Yehud, qui était limitrophe de l'Idumée au sud (l'ancienne ville judéenne de Lakish en faisait partie), de la Samarie au nord, de la province d'Ashdod à l'ouest (ancienne Philistie), ainsi que de la province du Sharon cédée aux Sidoniens (Phéniciens) par la Perse pour construire des ports en vue de défendre la région côtière contre les Grecs. Et, à l'est, Yehud était bordée par les provinces d'Ammon et de Moab. La province de Yehud était donc très réduite par rapport à ce qui avait été autrefois le royaume de Judée. Sa capitale était toutefois Jérusalem, quoiqu'en grande partie détruite. Une province avec un tel nom "Yehud" n'aurait pas eu lieu d'être sans un retour des Judéens sur leur terre ! Donc un retour à Sion avait bien été nécessaire, d'autant que le temple de Jérusalem y fut rebâti après quelques années. Chaque province était dirigée par un gouverneur qui rendait compte au satrape supérieur à lui.

Mais la province de Yehud avait quelque chose de spécifique qui n'était pas implémentée ailleurs dans d'autres provinces de l'empire perse : la création d'une monnaie ! En effet, une pièce de monnaie de type drachme issue par la province perse de Yehud a été découverte sur une colline près d'Hébron. Elle représente un lion (symbole de la Judée) tuant une vache, ainsi que trois lettres en araméen (Yod-Heh-Dalet) formant le mot YeHuD. Il s'agit probablement de la première pièce frappée après le retour à Sion. Le plus étonnant est que des pièces de monnaie ont été émises dans la petite province de Yehud alors que l'utilisation d'une monnaie n'avait commencé dans l'empire perse que quelques années plus tôt après la conquête du royaume de Lydie en Asie Mineure. Car ce royaume avait été crédité par Hérodote d'avoir été la première nation à introduire une monnaie. Après sa conquête par les Perses, le concept de monnaie a été instauré dans l'empire perse, mais Yehud avait, semble-t-il, été l'une des premières provinces à l'adopter. L'existence d'une monnaie marquée "Yehud" est elle aussi une preuve archéologique de l'existence d'une province de ce nom à l'époque de l'établissement de l'empire perse.

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Albert Benhamou
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