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Visite des tunnels du Kotel

Cette visite est un incontournable de votre passage à Jérusalem quoique, par manque de temps ou du fait qu'il faille quelquefois réserver ce circuit bien en avance, beaucoup de visiteurs ne peuvent effectuer cette visite. La visite se déroule sous la Vieille Ville de Jérusalem (donc n'est pas adaptée à ceux qui souffrent de claustrophobie) le long du "Kotel".


Le Kotel est le mot en hébreu littéraire pour dire le Mur: il s'agit du Mur occidental, dit Mur des lamentations. Ce n'est pas un mur du Temple mais le mur qui soutenait côté ouest la grande esplanade construite par le roi Hérode et sur laquelle se dressaient le Temple ainsi que d'autres bâtiments dont la Stoia royale. Le Kotel avait aussi été appelé Mur des lamentations car, pendant certaines périodes de leur histoire, les Juifs n'avaient plus le droit de se rendre au Kotel sauf un seul jour par an, celui à la date hébraïque du 9 Av, pour "pleurer" la destruction du Temple (par les Romains en l'an 70) et de leur indépendance en tant que nation.


Sur cette esplanade, l'entrée au Temple se faisait côté est, et c'est là aussi que l'on trouvait la "colonnade de Salomon" ainsi nommée dans les évangiles et là où Jésus a renversé les étals des "marchands du Temple". Ces marchands étaient en fait de deux sortes: les vendurs de bêtes de sacrifice (typiquemement des colombes) et des changeurs d'argent (car on ne pouvait payer une bête de sacrifice avec de l'argent romain contenant une effigie à l'empereur-dieu: il fallait changer son argent romain en "shekels" et ensuite acheter l'animal à sacrifier).


Schéma du mont du Temple vu depuis l'ouest
Schéma du mont du Temple vu depuis l'ouest

Au nord de l'esplanade se dressait la forteresse Antonia, construite par Hérode pour y installer une garnison de surveillance. Elle avait été ainsi nommée en hommage au "patron" d'Hérode, le général Marc-Antoine, gouverneur des provinces orientales et... amant de Cléopâtre.


Pour accéder au mont du Temple, il y avait deux accès principaux. Pour le public non-juif, l'accès se faisait côté ouest par l'arche de Robinson qui donnait sur la Stoia royale. Pour le public juif, qui se rendait à la colonnade de Salomon pour y acheter des bêtes de sacrifice, l'entrée se faisait côté sud par les portes dites de Houlda. Ces portes donnaient accès à un passage souterrain, en-dessous de la Stoia, et qui débouchait sur l'esplanade elle-même. Mais les prêtres eux, qui devaient se rendre tous les jours au Temple (selon le tour de rôle de familles de prêtres), passaient par un pont au dessus de la vallée du Tyropéon, reliant la Ville Haute (celle des prêtres) et le mont du Temple sans avoir besoin de descendre à la Ville Basse et remonter au Temple. Ce pont servait en outre d'aqueduc car le roi Hérode avait supprimé le canal d'approvisionnement des eaux de pluies à partir du nord du mont de Temple (ce canal avait sans doute été exploité depuis l'époque du Premier Temple et jusqu'à la période du Second Temple lors du règne des Hasmonéens. Au lieu de ces eaux de pluie, gardées dans des bassins ou nord du Temple (dont les bassins de Béthesda, pour en savoir plus cliquez ici), le roi Hérode avait fait construire des bassins et aqueducs qui apportaient des eaux de source depuis les monts de Judée jusqu'à Jérusalem.


Il y avait en outre une porte de service, découverte par l'archéologue Warren et nommée en son nom: c'est la porte qui était la plus proche de l'extrémité ouest du Temple, et donc du Saint des Saints (où était posée l'Arche d'Alliance pendant la période du Premier Temple).


Si les termes comme période Premier Temple, Second Temple, hasmonéenne, romaine, byzantine ou médiévale sont difficiles pour vous à situer dans le temps, pourquoi ne pas commencer par lire ma chronologie simplifiée des quelques 3500 ans d'histoire de Jérusalem? Pour en savoir plus, cliquez ici.



VISITE DES TUNNELS

La visite commence au centre visiteurs se trouvant sur la gauche du Kotel quand on regarde vers le Kotel. EN temps normal, il est prudent de réserver cette visite à l'avance, pour choisir l'option de guidage en hébreu, anglais et quelquefois en français, selon un jour et un horaire donné.


Une fois à l'intérieur, on se trouve au niveau des arches qui soutenaient l'aqueduc au-dessus de nos têtes. En marchant le long des arches, on arrive au niveau d'une plus grande arche: c'est l'arche dite de Wilson. Elle était de grande dimension car elle enjambait la rue piétonne et commerçante en dessous, parallèle au Kotel.


Coupe de l'endroit des arches menant au Kotel
Coupe de l'endroit des arches menant au Kotel

Cette arche est visible soit par les tunnels de prière au niveau du Kotel côté des hommes, ou lors de cette visite au moyen d'une sorte de terrasse donnant sur la zone de prières en contrebas.


L'arche de Wilson vue de la salle de prières des hommes
L'arche de Wilson vue de la salle de prières des hommes

La visite se poursuit en passant une synagogue moderne installée dans une grande salle. Cette synagogue est libre d'accès pour les Juifs qui veulent venir y prier lors des Chabbats ou des jours de fête réligieuse. Puis, on descend un escalier qui mène au niveau du reste de la visite le long du Kotel. Ce niveau se trouve plusieurs mètres en dessous de la Vieille Ville et plusieurs mètres au-dessus du lit du torrent qui formait la vallée du Tyropéon. Car il est possible de descendre encore plus bas, en passant par des salles époque médiévale (dont une similaire au réfectoire de l'ordre des Hospitaliers à St Jean d'Acre), époque romaine (dont un odéon et un nymphéon) et époque Second Temple (dont un mikvéh, bain rituel). Mais elle ne sont pas toutes encore accessibles au public.


La visite arrive au Kotel à l'endroit où une pierre hérodienne géante y est disposée. Cette pierre fait plus de 13 mètres de long sur plus de 3 mètres de hauteur, et on estime qu'elle fait plus de 2 mètres d'épaisseur.


Pierre géante faisant partie du Kotel
Pierre hérodienne géante faisant partie du Kotel

Ces dimensions lui donnent un poid estimé à 300 tonnes, donc l'équivalent de 75 éléphants ou d'un Boeing 777. Cette pierre est la plus volumineuse d'un ensemble de quatre pierres géantes. On estime que ces quatre pierres ont été placées pour renforcer la stabilité du Kotel dans les zones topographiquement délicates ou présentant des cavités internes au sein du Mont du Temple. Mais ces pierres ne sont pas disposées au plus bas niveau du Kotel, car le Kotel se poursuit plusieurs mètres en dessous du niveau de la visite. Dès lors, personne n'a trouvé de réponse à la question simple : comment de telles pierres ont pu être transportées jusqu'au Kotel et ont pu être soulevées et placées au dessus d'autres pierres de taille "normale"? Car ces pierres sont situées à environ 12 mètres au-dessus de la surface de la montagne. Les théories abondent mais aucune réponse n'est satisfaisante.


Il est à noter que les pierres du Kotel ont été taillées de façon extrêmement plate, car aucun mortier ou ciment n'a été utilisé par "coller" les pierres entre elles: elles sont simplement posées à plat l'une sur l'autre. On se demande encore aujourd'hui quelle technique a été utilisée par les tailleurs de ces pierres pour créer ces contours plats. Les pierres sont simplement posées avec un léger décalage d'environ 2 centimètres d'une pierre à l'autre.


Disposition des pierres hérodiennes du Kotel
Disposition des pierres hérodiennes du Kotel

La visite se poursuit le long du Kotel et après quelques mètres on atteint un passage creusé dans le Kotel : il s'agit de l'ancienne porte et tunnel de service au Temple. Elle avait été découverte par le militaire et archéologue britannique Charles Warren en 1867 et a été nommée en son nom. Elle se situe à environ 45 mètres du Mur occidental actuel en direction du nord. De l'autre côté de cette porte, aujourd'hui condamnée, se trouve un passage de service pour accéder au Temple. Avant la construction de la nouvelle synagogue moderne, vue auparavant dans ce circuit, les Juifs avaient établi une petite synagogue, accessible par un escalier montant face à la porte de Warren. Aujurd'hui cette disposition n'est plus d'utilité.


En continuant le circuit sur quelques mètres, on arrive devant une arche avec un mur de pierres. Cet espace est un lieu de prière juif car, topographiquement, c'est l'endroit le plus proche de là où se trouvait le Saint des Saints dans le Temple.


Lieu de prières le plus proche du Saint des Saints
Lieu de prières le plus proche du Saint des Saints

Après la chute de l'Empire byzantin, les conquérants musulmans autorisèrent les Juifs à prier dans ce tunnel, et ces derniers y établirent une petite synagogue. Les Juifs de l'époque avait appelé cette synagogue « la Grotte » car elle était souterraine. Mais en 1099, les Croisés avaient massacré la population de Jérusalem, Juifs et Musulmans (les Chrétiens en avaient été expulsé par les Musulmans un peu avant le siège par les Croisés), et détruisirent cette synagogue pour transformer tout l'espace creux en citerne.


Après la guerre des Six Jours, les archéologues israéliens se sont vite intéressés à organiser des fouilles dans la Vieille Ville (notamment dans le Quartier Juif, dynamité et détruit par les Jordaniens en 1948) et, bien entendu, autour du mont du Temple, lieu saint pour les Juifs depuis 3000 ans. Les archéologues ont creusé le tunnel qui se poursuit aujourd'hui le long du Kotel. Mais ils commencèrent aussi à creuser en perpendiculaire pour percer ce qui se trouvait après l'arche car, selon les rabbins, ce passage aurait permis d'arriver directement en dessous du Dôme du Rocher et peut-être de trouver l'Arche d'Alliance caché par le roi pieux Josias vers 620 avant notre ère). Mais, en juillet 1981, une émeute éclata à cet endroit entre les archéologues juifs qui fouillaient ce passage et des musulmans qui pouvaient descendre par un escalier depuis le l'esplanade du Temple jusqu'à la porte de Warren (un escalier qui datait de la construction hérodienne du Second Temple). Aussi, les fouilles dans cette section avaient été interrompues par ordre du gouvernement, qui n'avait pas été mis au courant des plans de creuser ce passage disputé, qui a aussitôt été scellé à nouveau. D'autant plus que, ces plans furent connus, le Rabbi de Loubavitch, depuis New-York, avait conseillé d'y mettre fin. Il avait en effet averti que quiconque trouverait l'Arche d'Alliance mettrait sa vie en danger.


Juste à la suite de ce lieu de prière, on voit la citerne médiévale dont les murs de pierre sont recouverts de platrâge (pour protéger au mieux l'eau propre à la consommation. En levant les yeux, on peut voir deux ouvertures par lesquelles on peut puiser l'eau de la citerne à partir de maisons construites contre le Kotel. Pourquoi deux ouvertures? Car deux maisons avaient été construites et donc chacune d'elles pouvait accéder à la citerne.


Ouvertures de puisage de l'eau de la citerne médiévale
Ouvertures de puisage de l'eau de la citerne médiévale

Après la citerne, le long tunnel actuel a lui aussi été percé à partir des années 1970. On longe ainsi le Kotel tout en admirant le travail des tailleurs de pierre et le manque de mortier entre ces pierres plates. Cette section, qui était enfouie sous des débris causés par la tentative des Romains de détruire le Kotel (on passe d'ailleurs par une fenêtre vitrée à un moment au sol par laquelle on voit les pierres amoncelées après avoir été détachées et poussées du haut du Kotel) contient en effet les pierres hérodiennes tellement proprement taillées, et libres de toute érosion ou dommage ultérieur dans le temps, que l'on a du mal à croire qu'elles ont 2000 ans.


En chemin, on constate aussi que la roche de la montagne rattrape la construction hérodienne jusqu'à un point où le Kotel disparait complètement: seule la montagne subsiste. Le tunnel a été percé dans le prolongement et on atteint ensuite une autre structure vieille d'au moins 2000 ans, datant de la période hasmonéenne donc avant les constructions hérodiennes. Il s'agit d'une citerne. Car au temps du Second Temple, il fallait bien entendu amener de l'eau pure pour le service du Temple. D'où venait cette eau? Des eaux de pluie qui, à la saison d'hiver, remplissaient cette citerne et aussi des bassins extérieurs servant à la rétention de ces eaux (dont les bassins de Béthesda, cliquez ici pour en savoir plus). Et, bien entendu, il fallait aussi un tunnel souterrain communiquant entre les bassins extérieurs et cette citerne. Au niveau de cette citerne, on peut voir une rambarde de pierre qui permettait de protéger les passants pour ne pas qu'ils tombent dans la citerne que l'on peut voir plusieurs mètres en dessous.


Nous avons vu que, à l'époque d'Hérode, la construction de la forteresse Antonia avait nécessité de "couper" ce tunnel d'eau souterrain car les eaux utilisées au Temple étaient amenées depuis des sources d'eau permanentes dans les monts de Judée plutôt que de compter sur l'arrivée des pluies saisonnières de l'hiver pour alimenter les citernes. Du coup, cette citerne hasmonéenne s'est asséchée. Mais, à son niveau, on voit les vestiges d'une rue hérodienne qui suivait le Kotel dans cette longueur. Deux colonnes hérodiennes sont encore visibles et pouvaient faire partie d'une colonnade, ou de son projet, le long de cette rue. Les dalles au sol sont bien entendu authentiques et il est possible que Jésus et ses disciples aient emprunté cette rue qui date du Second Temple hérodien.


Dallage hérodien authentique
Dallage hérodien authentique

Au bout de cette rue, après quelques mètres, on aboutit à une ancienne carrière qui servait à découper les grandes pierres hérodiennes à même la roche. On peut notamment y voir des pierres qui commençaient à être taillées et pour lesquelles le travail n'a pas été complété. Pourquoi? Vraisemblablement les travaux ont été interrompus à la mort du roi Hérode en l'an 4 avant notre ère.



Ancienne carrière abandonnée en 4 avant notre ère
Ancienne carrière abandonnée en 4 avant notre ère

Au-dessus de la carrière, une salle de projection a été aménagée pour voir un film qui explique la taille des pierres dans la roche, leur transport en utilisant la gravité, et leur taille sur place pour les affiner.


Après la carrière, la visite se termine parfois et les visiteures prennent le chemin inverse pour revenir au centre visiteurs. Cependant, il est possible de poursuivre le chemin souterrain qui ne prolonge plus le Kotel mais suit le canal hasmonéen de transport des eaux entre les bassins extérieurs et la citerne intérieure, ceci en usant de la gravité entre les bassins communiquants. Plus on continue de marcher dans ce chemin des eaux, plus l'humidité augmente (visite par la couleur verdâtre des parois taillées dans la roche de la montagne).


Tunnel Second Temple d'alimentation en eau
Tunnel Second Temple d'alimentation en eau

Enfin, on aboutit à un bassin d'eaux de pluie: c'est le bassin de Struthion. Ce bassin est situé au pied de la roche qui supportait autrefois la forteresse Antonia et c'est le seul vestige qui reste et qui était en service du temps de cette forteresse. Avant la construction d'Hérode, ce bassin mesurant 52 mètres sur 14 était à ciel ouvert et les gens pouvaient y descendre par des marches taillées dans la roche. Comme il y a une pente naturelle entre le nord et le sud dans cette montagne, le bassin est profond de 4,5 mètres au nord et de 6 mètres au sud.


Bassin de Struthion
Bassin de Struthion, époque hasmonéenne (Second Temple)

Ce bassin est lié au système d'approvisionnement des eaux établi à l'époque hasmonéenne, quoique certaines parties de ce système était déjà utilisé lors du Premier Temple qui comptait aussi sur les eaux pluviales pour les besoins du service cultuel. En contruisant la forteresse Antonia, Hérode a gardé ce bassin de Struthion sans doute pour alimenter la garnison en eau. Mais la forteresse formait désormais un obstable avec les autres bassins extérieurs comme celui de Béthesda, un peu plus au nord que la Antonia.


D'où vient le nom de ce bassin, qui signifie "moineau" en grec? Car l'historien judéo-romain Flavius Josèphe, témoin du siège de Jérusalem par les Romains, l'a décrit et a donné ce nom:


Car il y avait alors quatre grands remparts, dont l’un se trouvait à la tour Antonia ; celui-ci fut érigé par la Ve légion, face au milieu du bassin appelé Struthius. (Josèphe, La Guerre des Juifs, V, 467)


La découverte de monnaies pré-hasmonéennes (séleucides) et hasmonéennes dans les décombres du bassin, ainsi que la similitude entre le mortier local et celui utilisé dans d’autres citernes et bains hasmonéens de Jérusalem, suggèrent une origine pré-hérodienne pour ce bassin.


Enfin, en montant une série de marches, on sort des tunnels souterrains et rejoignons le niveau du sol actuel an face des stations 2 et 3 de la Via Dolorosa. C'est la fin de la visite.


Vous pouvez réserver le jour et heure de votre visite grâce au site internet de réservations. Si vous ne comprenez ni l'hébreu ni l'anglais, les options sont limitées mais vous pouvez choisir un guide touristique qui s'occupera de cette réservation pour le jour de votre visite, quelle que soit la langue car il vous donnera les explications lui-même lors de la visite.



On peut finir cet article avec un film de 5 minutes montrant des images d'époque retraçant le Kotel entre 1911 et 2011. Pour le visionnez, cliquez sur l'image et, surtout, mettant le son pour entendre le chant du psaume 137 de David: Si je t’oublie jamais, Jérusalem, que ma droite me refuse son service, que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens toujours de toi, si je ne place Jérusalem au sommet de toutes mes joies.




Albert Benhamou

Guide touristique francophone en Israël

Novembre 2025














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