Yom ha-Shoah: jour de la Shoah

En Israël, la date de commémoration de la Shoah a été fixée depuis 1951 au 27 Nisan. Quelquefois, comme c'est le cas en 2025 lorsque cette date tombe un vendredi ou un samedi, la commémoration est avancée : en 2025, elle tombe le 26 Nisan, jeudi 24 avril. Selon les années cette date hébraïque tombe en avril ou en mai.

Faisons un bref retour en arrière. Après la fin de la guerre en mai 1945, les Alliés prévoyaient que les survivants des camps nazis devaient retourner dans leurs pays d'origine et leurs foyers. Mais ce n'était pas si simple pour les Juifs qui étaient parfois mal accueillis à leur retour, et dont les biens immobiliers ou autres avaient été spoilés. Pire, certains Juifs de l'Europe de l'Est étaient retournés en Pologne et ont été assassinés lors de pogroms en 1946 (par exemple le pogrom de Kielce). Aussi, nombre de Juifs ne comptaient pas retourner chez eux, dans des lieux de leur persécution où ils avaient été souvent dénoncés par leurs voisins aux Nazis. Ceux-ci étaient alors "parqués" par les Alliés dans les camps de concentration nazis, devenus "camps de personnes déplacées". Car les portes vers la "Palestine" mandataire, sous l'autorité britannique, leur demeuraient hermétiquement fermées. L'épisode du navire Exodus en 1947 provoqua un tollé mondial qui accélera la mise en place d'une commission internationale pour statuer du devenir des "personnes déplacées" et pour accomplir la mission du mandat onusien sur la Palestine que les Britanniques avaient lamentablement gérée.

Avec la création de l'état d'Israël en mai 1948, soit trois ans après la fin de la guerre, les portes s'ouvrirent enfin et ces Juifs purent prendre le chemin du "retour vers Sion". Mais c'était la guerre, la guerre d'indépendance de 1948-1949 dans laquelle environ 1% de la population juive de la terre d'Israël périt dans les combats. C'était le prix du sang (juif) et non les seules recommandations onusiennes qui créèrent l'état d'Israël. Et, contre toute attente, le minuscule état en sortit victorieux.

Une fois les urgences de la guerre mises de côté, le gouvernement israélien put enfin s'attacher à construire le pays et, en 1951, il a institué les dates de commémoration nationale qui sont Yom ha-Shoah, Yom ha-Zicarone (journée du souvenir pour les soldats tombés au combat dans les guerres d'Israël), et bien entendu Yom ha-Atzmaout (jour de l'indépendance d'Israël). Ces trois commémorations tombent autour de la même période, à une semaine près.

En 1959, le parlement israélien vota pour ces commémorations en ajoutant, pour Yom ha-Shoah, le souvenir des héros juifs qui ont combattu le nazisme, notamment dans les ghettos comme celui de Varsovie. Le Yom ha-Shoah est ainsi devenu Yom ha-Shoah ve-ha-Guibora (le jour de la Shoah et de l'héroïsme).

Yom ha-Shoah

Dans le calendrier hébraïque, les "journées" commencent toujours le soir précédent et se poursuivent jusqu'au soir du lendemain (pour de brèves notions du calendrier hébraïque, cliquez ici). Aussi, le Yom ha-Shoah débute la veille avec une cérémonie officielle à Yad Vashem (le musée de l'Holocauste à Jérusalem) lors de laquelle le premier ministre et le président d'Israël sont entendus, ainsi que des survivants de la Shoah (il en existe encore en Israël). Il se poursuit le lendemain matin avec une sirène qui retentit à 10H dans tout le pays : tout le monde arrête ses activités, les voitures stoppent, pendant les deux minutes de durée de cette sirène. La commémoration se termine le soir avec une cérémonie au kibboutz Lohamei ha-Ghettaot (les combattants des ghettos) qui avait été fondé par des survivants de l'insurrection du ghetto de Varsovie. Ainsi la commémoration commence symboliquement par la Shoah et se termine par l'héroïsme des derniers combattants dans les ghettos. Dans les écoles et dans les médias, on commémore cette journée avec des récits et des souvenirs de survivants. Il convient de rappeler que cette journée n'est pas religieuse mais une commémoration nationale.

Visite recommandée du musée Lohamei ha-Ghettaot 

Si vous avez l'occasion de vous rendre près de St Jean d'Acre (Akko), pourquoi ne pas visiter le musée en question qui se trouve sur la route principale allant vers le nord ? Voici ce que vous pourrez y voir :

• au rez-de-chaussée : une exposition dédiée aux Juifs de Hollande avec, notamment, un espace dédié à l'histoire d'Anne Frank (1929-1945)

• au premier étage : l'histoire du ghetto de Varsovie et de son insurrection, avec un grand nombre d'explications, de photos, de maquettes, etc.

• au second étage : l'histoire des camps, certains d'extermination et d'autres de concentration ; au milieu de la salle se trouve une grande maquette du camp d'extermination de Treblinka dans lequel près de 900.000 Juifs ont été assassinés dans les chambres à gaz, notamment ceux de Varsovie et de l'insurrection du ghetto ; à cet étage vous trouverez aussi une petite exposition de l'histoire du poète Isaac Katznelson qui avait survécu à Varsovie côté aryen mais avait été entrainé par l'optimisme de l'affaire de l'hôtel Polski ; il avait été envoyé dans un camp de transit à Evian en France avant d'être déporté à Auschwitz où il fut gazé ; il est l'auteur d'un poème ("le chant du peuple juif assassiné") qui avait été enfoui dans le parc de son hôtel à Evian et découvert après la guerre

• au troisième étage : la liste des "transports" des Juifs de Hollande avec grand nombre de photos

Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire de la Shoah, la visite de ce musée est un incontournable, de même que celui de Yad Mordehai au sud du pays, et bien entendu le centre mondial de Yad Vashem. D'autres musées existent aussi en Israël, fondés sur des thèmes spécifiques, par exemple la Shoah des Juifs de Hongrie, le camp de Theresienstadt, et d'autres.

N'hésitez pas à me contacter pour de plus amples renseignements sur les sites commémoratifs de la Shoah, et si vous souhaitez y être guidés pour optimiser au mieux votre journée de visite.

Albert Benhamou

Guide touristique francophone en Israël

24 avril 2025, Yom ha-Shoah

Maquette de Treblinka