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Albert Tours Blog-  A Licensed Tour Guide - Israel

La basilique de l'Annonciation à Nazareth

La ville de Nazareth en Galilée offre plusieurs sites chrétiens et, en premier lieu, la basilique de l'Annonciation, qui est la plus grande église du Moyen-Orient. Voici ici les sources écrites qui s'y réfèrent et son histoire.


L'Annonciation est l'annonce faite par l'ange que Marie a été choisie pour porter le Sauveur (notons que le nom Jésus vient de l'hébreu Yehoshua qui veut dire le Sauveur).


Seuls les évangiles de Matthieu et de Luc parlent des événements relatifs à Jésus avant son baptême dans le Jourdain par Jean-Baptiste. Dans l'évangile de Matthieu, l'annonce est faite à Joseph dans un songe (Matthieu 1:18-25). Mais dans l'évangile de Luc, c'est l'ange lui-même qui vient annoncer à Marie :


Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d'une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie. L'ange entra chez elle, et dit : Je te salue, toi à qui une grâce a été faite ; le Seigneur est avec toi. Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation. L'ange lui dit : Ne crains point, Marie, car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. (Luc 1:26-31)

Le sixième mois dont il est question est le sixième de la grossesse d'Elisabeth, une parente de Marie, qui donnera naissance à Jean-Baptiste.

L'Annonciation, par John Waterhouse, 19ème siècle

La ville de Nazareth était à cette époque à peine ce que l'on pourrait appelée ville car elle n'est pas mentionnée dans les écrits historiques contemporains de Jésus. Il s'agissait plutôt d'un village avec des maisons bâties au-dessus de grottes naturelles que l'on peut voir encore aujourd'hui. L'une de ces grottes est devenue lieu de culte chrétien : c'est la grotte de l'Annonciation, là où l'ange est venue à la rencontre de Marie. L'origine du nom Nazareth (נצרת en hébreu) semble provenir du mot נצר qui signifie une sorte de bouture, de scion :


Or, un rameau sortira de la souche de Jessé (=le parent de David), une bouture (נצר) poussera de ses racines. (Esaïe 11:1)


Pourquoi donner un tel nom ? Nazareth aurait été fondée comme extension de Sepphoris, la grande ville que les Romains faisaient construire près de là. Ce qui expliquerait que Joseph, bien qu'étant originaire de Bethléem en Judée, soit venu s'installer dans cette bourgade de Galilée car les Romains avaient besoin de toutes sortes d'ouvriers manuels pour travailler aux matériaux de construction de la ville. Rappelons qu'à l'époque de la naissance de Jésus (qui serait né en l'an 6 de notre ère), la Judée venait d'être annexée par Rome et un gouverneur romain y régnait.


L'Annonciation est fêtée le 25 mars car 9 mois de grossesse pour Marie avant la naissance le 25 décembre. On comprend bien que ces dates ont été choisies de façon arbitraire pour fixer le calendrier chrétien quelques 300 ans après la crucifixion de Jésus.


La grotte de l'Annonciation a été vénérée depuis les débuts du christianisme. On y a notamment trouvé un graffiti de l'époque byzantine avec l'inscription de salutation Ave Maria. Car c'est à l'époque byzantine, lorsque l'empereur Constantin avait autorisé la nouvelle religion chrétienne (édit de Milan, an 313), que les premiers Chrétiens se sont installés à Nazareth. En l'an 384, la pèlerine Egérie mentionne la grotte dédiée à Marie. En 427, une première église est bâtie et est inaugurée par Nocon, diacre de Jérusalem. En 431, au concile œcuménique d'Ephèse, Marie est déclarée Theotokos, c'est-à-dire "mère de Dieu" : ainsi le culte à Marie devient officiel.


L'église byzantine est détruite par les Perses en 614. Puis viennent les Musulmans à partir de 638. C'est seulement à la suite de la première croisade de 1099 que Tancrède, prince de Galilée, fait construire une nouvelle église vers 1105. De plus, un archevêque est nommé ce qui amplifie l'importance de Nazareth. Mais le royaume chrétien s'effondre d'abord sous Saladin puis définitivement sous les Mamelouks avec la prise de Saint-Jean d'Acre en 1192. Cependant les Mamelouks trouvent un accord avec le Pape : les croisades prennent fin du moment que les Chrétiens puissent péleriner sur les lieux saints et que les Musulmans soient garants de leur sécurité. Ainsi, le Pape donne aux Franciscains la mission de réhausser les lieux saints en vue de permettre la venue des pèlerins.


Une nouvelle église de l'Annonciation est construite par les Franciscains vers 1750. Devenue trop vétuste après deux siècles pour un nombre croissant de pèlerins, elle fut démolie et le Pape Jean XXIII signa l'accord d'un nouveau projet pour une basilique bien plus grande : la pierre de fondation fut apposée par Paul VI en 1964. C'est l'église que nous voyons aujourd'hui qui fut inaugurée le 25 mars 1969, jour de l'Annonciation évidemment.


Sur la grande façade, se trouvent des sculptures et inscriptions en latin.


De haut en bas :


- la rencontre de l'ange et de Marie, et inscription Angelus Domini Nuntiavit Mariae (l’ange du Seigneur a annoncé à Marie)


- les 4 apôtres avec leur symbolique respective : Matthieu et l'ange, Marc et le lion, Luc et le taureau, Jean et l’aigle ; ces symboles sont dérivés de plusieurs prophéties bibliques (Daniel 7:2-8, Ezékiel 1:4-10 et 10:13), reprises dans Apocalypse 4:6-8


- une inscription importante : Verbum Caro Factum Est (la parole est devenue chair, c'est-à-dire qu'au moment de l’annonce par l’ange, Marie tombe enceinte), Et Habitavit In Nobis, (et elle a habité en nous, c'est le principe de l’Incarnation, fondement chrétien)


- à gauche : ait Dominus ad serpentem ipsa conteret, (le Seigneur dit au serpent) caput tuum et tu insidiaberis calcaneo eius, (il te visera à la tête et toi tu l'attaqueras au talon, tiré de Genèse 3:14-15) : il y a corrélation entre l'épisode du serpent, c'est-à-dire le péché originel, et l'annonciation (voir ce qui suit)


- à droite, selon Esaïe 7:14 : Ecce virgo concipiet et pariet filium (Voici la vierge donnera naissance à un fils), et vocabitur nomen eius Emmanuel (et son nom sera Emmanuel)


La cour extérieure sud est essentiellement dédiée à Marie avec le texte du Salve Regina sur la façade. De nombreuses représentations artistiques, venues de nombreux pays, sont aussi exposées.


Le portail de gauche, en bronze, représente le péché originel, et la punition envers l'homme et la femme. Puis la tentative divine de rectifier l'humanité avec le Déluge et Noé, suivie d'une seconde tentative avec le Sacrifice d'Isaac par Abraham. Mais ces deux tentatives ayant échoué, c'est finalement l'arrivée de Jésus (par l'Annonciation) que l'humanité peut trouver le Salut. Dans ce sens, le passage de Jésus sur terre doit se traduire par le sacrifice expiatoire (la crucifixion à venir) du péché originel.


En entrant dans la basilique, on arrive par le niveau inférieur où se trouve, au centre, la grotte de l'Annonciation. Le visiteur est souvent frappé par l'architecture intérieure, tirée du Brutalisme, dont le nom provient de l'emploi du béton "brut". Mais il faut se rappeler qu'en 1959, le Vatican a voulu insuffler un vent de modernité à l'église : le choix d'architecture a voulu refléter cette direction tournée vers les jeunes générations. Le niveau inférieur est plongé dans une pénombre artificielle pour rappeler l'aspect mystérieux de la rencontre de Marie avec l'ange. Un effet d'optique sur le sol convie le visiteur à se diriger vers la grotte.

Basilique de l'Annonciation, étage inférieur

La grotte de l'Annonciation contient un autel sur lequel est inscrit : Verbum Caro Hic Factum Est (la parole est devenue chair, ici). Le mot Hic est ajouté au fameux verset pour marquer le lieu unique de cette rencontre. Tout autour de la grotte se trouvent des vestiges de l'ancienne église byzantine : mosaïques, christogramme, inscriptions. Et même la dédicace en grec : offert par Nocon diacre de Jérusalem.

Grotte de l'Annonciation

Au niveau supérieur, c'est la grande église des messes avec, dans une énorme fresque murale représentant la continuité de l'église depuis la transmission de Jésus à Pierre, jusque Saint François d'Assise se tenant auprès du Pape. Le tout est surmonté de l'inscription latine : Unam Sanctam Catholical Apostolicam (signifiant Une, Sainte, Universelle, Apostolique) qui forme le crédo de l'église, décidé au concile du concile œcuménique de Constantinople en l'an 381.


A ce niveau supérieur se trouvent une autre série de représentations artistiques de Marie et de Jésus selon les pays. Celle du Japon attire particulièrement l'attention des visiteurs avec une Marie et Jésus aux yeux bridés. Celle de la France montre une Marie royale ressemblant à Blanche de Castille, mère de Saint-Louis. Et dans celle des USA, Marie semble sortir du décor.



Il y a bien d'autres choses à dire et à voir lors de cette visite, et un article succinct comme celui-ci ne suffit pas. Aussi réservez dès que possible votre visite auprès d'un guide touristique en Israël, surtout si vous pensez venir lors de périodes chargées. Notez que le 25 mars est une bonne date pour cette visite particulière, mémorable de surcroit !


Albert Benhamou

Guide touristique officiel en Israël

Octobre 2023




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