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Albert Tours Blog-  A Licensed Tour Guide - Israel

Leçon de démocratie à la Jezréel biblique

Le site archéologique de Tel Jezréel se trouve sur une colline à quelques km's à l'est de Megiddo et commande l'entrée dans la vaste vallée de Jezréel menant jusqu'à Beit-Shean et la vallée du Jourdain.


Cette vallée a toujours été d'une importance stratégique, dans l'antiquité et jusqu'à la guerre d'indépendance de 1948. Au nord de la vallée, se trouvent les collines de Givaat ha-Moré et le sud est bordé par les monts du Guilboa. Tous ces lieux font l'objet de récits bibliques eux-aussi.

Panorama vers les collines Givaat ha-Moré
Panorama vers les collines Givaat ha-Moré

La cité biblique s'étend comme un rectangle de 350m sur 170m, soit environ 60 dunams de superficie. Le nom de Jezréel existait déjà du temps de Canaan. La région avait ensuite été allouée à la tribu d'Issachar :


C'est à Issachar qu'échut le quatrième lot, aux enfants d'lssachar, selon leurs familles. Leur territoire comprenait : Jezréel, Keçoullot, Chounêm, (...) et avait pour limite le Jourdain. (Josué 19:17-22)


Mais cette ville est surtout célèbre à cause du meurtre de Naboth, un propriétaire terrien à qui appartenait un vignoble sur les flancs de la ville. Le récit biblique est donné dans le chapitre 21 du premier livre des Rois. En voici les éléments.


Le roi Achab souhaite acheter le terrain de cette vigne pour y planter un verger. La vigne est en effet située près d'une source d'eau permanente au pied de la ville, ce qui est nécessaire à un verger.

Le bosquet entourant la source au pied de Jezréel
Le bosquet entourant la source au pied de Jezréel

Mais Naboth refusa toute transaction car il ne veut pas "céder l'héritage de ses pères". Achab s'assombrit et ne mangea plus. On peut le comprendre car cette réplique de Naboth lui a sûrement rappelé que lui, Achab, avait délaissé l'héritage (spirituel) de ses pères en épousant la fille païenne du roi de Sidon. Celle-ci n'a eu ensuite de cesse de convertir la nation au culte de Baal et son mari l'avait suivie dans cette hérésie.


Cette épouse, Jézabel (sans doute l'origine biblique du nom Isabelle), s'inquiéta de l'état de son époux royal qui lui expliqua ainsi le refus de Naboth :


"Il a répondu : Je ne te donnerai point ma vigne." (I Rois 21:6)


C'était un péché par omission car Achab n'avait pas mentionné la vraie raison de son abattement, à savoir l'héritage ancestral. Alors Jézabel s'en étonna :


"Est-ce bien toi qui exerces aujourd'hui la royauté sur Israël? (I Rois 21:7)


Sûrement qu'à Sidon un monarque avait pouvoir absolu et pouvait se saisir de tout bien et de toute personne. Mais tel n'était pas le cas dans le royaume d'Israël. Nul ne pouvait prendre de force l'héritage ancestral, alloué par Josué. C'eût été un abus de pouvoir qui aurait été réprouvé par le peuple et par Dieu.


Qu'à cela ne tienne : Jézabel prit sur elle de régler le problème, mais il fallait y mettre les formes car Israël n'était pas Sidon. Elle engagea une procédure de "justice". Elle fabriqua un faux document, supposé signé par son époux royal, qu'elle soumit à des "juges" parmi les anciens de la ville. Mais elle leur demanda de pervertir la justice pour charger Naboth:


Placez en face de lui deux individus sans scrupules, qui déposeront contre lui. (I Rois 21:10)


Pourquoi ces anciens avaient-ils accepté cet acte répréhensible ? Sous le règne d'Achab, le royaume d'Israël n'était plus celui de leurs ancêtres : la crainte de Dieu n'existait plus et la justice pouvait être corrompue si le roi le souhaitait. L'accusation était cependant grave :


"Naboth a outragé Dieu et le roi." (1 Rois 21:13)


Naboth fut ainsi lapidé, et son héritage mis à la disposition du roi qui s'empressa d'en prendre possession sans trop s'étonner des circonstances de cette justice.


Ce récit biblique a des échos dans toutes les sociétés démocratiques : abus de pouvoir, separation des pouvoirs (Montesquieu s'était penché sur cette question), bornes des pouvoirs, indépendance ou corruption de la justice, faux témoignages, protection de l'individu devant la loi et, surtout, contrôle indépendant de tout pouvoir. Dans le contexte de la Bible, c'est chose aisée : Dieu veille au-dessus des lois humaines... La vengeance divine du meurtre de Naboth sera plus tard exécutée par le biais de Jéhu qui tuera le fils d'Achab (lui-même mort préalablement au combat) et fit défenestrer Jézabel dans la ville de Jezréel.

La mort de Jézabel (Gustave Doré)
La mort de Jézabel (Gustave Doré)

Alors, dans les sociétés d'aujourd'hui, quelles bornes donner à tel ou tel pouvoir et quelle entité peut contrôler un quelconque débordement ? Le public se sent protégé derrière une justice supposée garantir le bon usage des lois et des constitutions. Mais la justice est-elle vraiment indépendante, notamment vis à vis du pouvoir exécutif ? Des questions qui ne cessent d'alimenter le débat public, même en Israël après 3000 ans !


Albert Benhamou

Guide touristique francophone en Israël

Mars 2023











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